En bref : • 30% des Français ne déclarent pas certains sinistres, principalement par peur d'une augmentation de prime (78% des cas) • Les dommages les plus souvent non déclarés sont les accrochages mineurs (42%) pour l'auto et les petits dégâts des eaux (36%) pour l'habitation • Cette stratégie peut être risquée à long terme: aggravation des dégâts, dépassement des délais de déclaration et refus de prise en charge • 8% des Français admettent avoir déjà exagéré l'ampleur d'un sinistre, une pratique considérée comme frauduleuse • 41% des assurés ignorent que la fraude à l'assurance constitue un délit passible de sanctions pénales sévères |
Avez-vous déjà gardé pour vous un petit accroc sur votre voiture ou un dégât des eaux mineur dans votre salle de bain sans prévenir votre assureur ? Si oui, vous faites partie des millions de Français qui préfèrent régler les problèmes discrètement. Selon une récente étude nationale, près d’un tiers des assurés français choisit délibérément de ne pas déclarer certains sinistres. Ce comportement, plus répandu qu’on ne l’imagine, révèle une méfiance profonde envers le système assurantiel. Mais est-ce vraiment une bonne stratégie à long terme ?
Sommaire
Pourquoi tant de Français ne déclarent pas leurs sinistres
La peur de voir sa prime d’assurance augmenter reste la motivation principale pour 78% des Français qui gardent le silence après un incident. Une étude réalisée par l’institut Poll&Roll pour Leocare met en lumière cette tendance inquiétante : 30% des assurés préfèrent payer de leur poche plutôt que d’activer leur contrat d’assurance.
« Les Français ont intégré l’idée qu’une déclaration de sinistre entraîne automatiquement une hausse de leur cotisation », explique Christophe Dandois, co-fondateur de Leocare. « Cette crainte est particulièrement marquée en région parisienne, où 37% des assurés reconnaissent avoir déjà dissimulé un sinistre, contre 28% dans le reste du pays. »
Cette méfiance s’explique aussi par le contexte économique tendu. Avec une inflation persistante et des primes d’assurance qui ont grimpé en moyenne de 3 à 5% ces dernières années, les ménages font leurs calculs avant de contacter leur assureur. Pour beaucoup, réparer une rayure sur un pare-chocs ou remplacer un robinet qui fuit coûte finalement moins cher que l’augmentation potentielle de leur prime sur plusieurs années.
Les types de dommages les plus fréquemment non déclarés
En matière d’assurance automobile, les accrochages mineurs arrivent en tête des sinistres dissimulés (42%), suivis par les bris de glace (31%) et les rayures de carrosserie (27%). Ces incidents, souvent perçus comme « réparables à moindres frais », sont massivement sous-déclarés, notamment quand le montant des réparations reste inférieur à la franchise du contrat.
Côté habitation, les petits dégâts des eaux représentent 36% des sinistres non déclarés, devant les bris de vitres (25%) et les dommages électriques mineurs (21%). Les Français estiment généralement qu’un sinistre « vaut la peine » d’être déclaré uniquement si le coût des réparations dépasse 300€, selon l’étude.
Le phénomène touche toutes les classes d’âge, mais avec des variations notables. Les jeunes conducteurs (18-25 ans), déjà soumis à des tarifs élevés, sont paradoxalement moins enclins à dissimuler un sinistre (22%) que les 35-49 ans (34%), qui craignent davantage pour leur bonus-malus.
Plus surprenant, 15% des personnes interrogées reconnaissent avoir déjà réglé directement les réparations avec l’autre partie impliquée dans un accident, sans aucun signalement aux assurances respectives.
Les conséquences négatives de la non-déclaration
Cette stratégie du silence peut toutefois se révéler catastrophique à long terme. « Un dégât des eaux apparemment mineur peut dissimuler des infiltrations profondes qui provoqueront des moisissures ou affaibliront la structure du bâtiment », avertit Sylvie Langlois, experte en gestion de sinistres chez Assur’Expertise.
De nombreux assurés ignorent également que certains contrats imposent un délai de déclaration strict (souvent 5 jours ouvrés). Passé ce délai, l’assureur peut refuser toute prise en charge, même si le sinistre s’aggrave par la suite. Une économie immédiate peut donc se transformer en catastrophe financière quelques mois plus tard.
La non-déclaration fragilise aussi le principe même de l’assurance, fondé sur la mutualisation des risques. Lorsque trop d’assurés dissimulent des sinistres mineurs mais réclament des indemnisations pour les incidents majeurs, l’équilibre du système est rompu, poussant inévitablement les tarifs à la hausse pour tous.
La fraude à l’assurance : une pratique moins répandue mais risquée
Si la non-déclaration relève souvent d’un calcul économique, la fraude délibérée reste un phénomène distinct mais préoccupant. Environ 8% des Français admettent avoir déjà exagéré l’ampleur d’un sinistre pour obtenir une meilleure indemnisation.
Les fausses déclarations concernent principalement la valeur des biens endommagés (5,3%), l’ajout d’objets non impactés par le sinistre original (3,7%), ou la modification des circonstances de l’accident pour éviter une responsabilité (4,1%).
Les conséquences juridiques peuvent être sévères : résiliation du contrat, inscription sur le fichier des risques aggravés, voire poursuites pénales en cas de fraude caractérisée. « La frontière entre optimisation et fraude est parfois floue dans l’esprit des assurés, mais les compagnies disposent aujourd’hui d’outils d’intelligence artificielle redoutablement efficaces pour détecter les incohérences », rappelle Maître Antoine Dumont, avocat spécialisé en droit des assurances.
L’étude révèle enfin une méconnaissance inquiétante : 41% des personnes interrogées ignorent que dissimuler volontairement des informations ou déformer la réalité constitue un délit passible de sanctions pénales pouvant aller jusqu’à 5 ans d’emprisonnement et 375 000€ d’amende dans les cas les plus graves.
Note méthodologique : L’étude a été réalisée entre le 5 et 15 février 2025 auprès d’un échantillon représentatif de 1 542 assurés français, par l’institut Poll&Roll pour le compte de Leocare.

Je suis Danielle Couet, passionnée d’actu habitation. J’ai toujours aimé suivre les tendances, mais ce qui me surprend, c’est comment un simple changement de déco peut transformer une vie. L’habitat, c’est bien plus que des murs.