En bref : • La réparation après sinistre dans le bâtiment reste un angle mort écologique, alors que le secteur est très polluant en France. • Saretec a développé une méthodologie innovante visant à réduire de 30% l'impact carbone des réparations d'ici 2025, sans générer de surcoûts. • L'approche repose sur trois volets (mesurer, agir, partager) et propose des alternatives écologiques comme les peintures recyclées et le réemploi de matériaux. • Des assureurs comme la Maif adoptent cette démarche, constatant qu'elle améliore la satisfaction client tout en anticipant les futures réglementations environnementales. • Cette transformation pourrait servir d'exemple à d'autres industries cherchant à concilier écologie et viabilité économique. |
Avez-vous déjà imaginé qu’un dégât des eaux dans votre salon pourrait contribuer au réchauffement climatique ? C’est pourtant une réalité méconnue. Alors que le secteur du bâtiment représente le deuxième poste le plus polluant en France, la réparation après sinistre reste un angle mort dans la transition écologique. Mais cela est en train de changer, grâce à une initiative pionnière qui pourrait transformer toute une industrie, sans pour autant augmenter les coûts.
Sommaire
Le secteur de la réparation face au défi environnemental
Si la construction neuve a progressivement intégré les enjeux environnementaux, avec des normes comme la RE2020, le secteur de la réparation après sinistre accuse un retard considérable. Dans un contexte où la pression climatique s’intensifie, cette situation n’est plus tenable.
« Notre secteur fonctionne encore majoritairement sur un modèle de reconstruction à l’identique, sans considération pour l’impact environnemental, » explique Christophe Gadouleau, directeur technique chez Saretec. « Nous avons décidé de changer les choses en développant une méthodologie capable de réduire significativement l’empreinte carbone des chantiers de réparation. »
Cette démarche pionnière n’est pas anodine : elle vise à réduire de 30% l’impact environnemental des missions d’expertise et de réparation d’ici 2025. Un objectif ambitieux dans un secteur où l’absence de cadre réglementaire a longtemps freiné les initiatives écologiques.
Les défis sont nombreux. Comment transformer les pratiques sans générer de surcoûts prohibitifs ? Comment maintenir la qualité des réparations tout en réduisant l’empreinte carbone ? Comment convaincre un écosystème d’acteurs – assureurs, entreprises du bâtiment, fournisseurs – encore largement focalisé sur les coûts directs plutôt que sur les externalités environnementales ?
La réponse de Saretec est méthodologique et collaborative, fondée sur l’idée qu’une transition écologique réussie doit être à la fois pragmatique et partagée.
Une approche méthodologique innovante et partagée
L’innovation de Saretec repose sur une méthodologie en trois volets : mesurer, agir, partager. « Nous avons d’abord développé un outil permettant de calculer précisément l’impact carbone de chaque chantier de réparation, » détaille Christophe Gadouleau. « Ce n’est qu’en mesurant que l’on peut agir efficacement. »
Sur cette base, l’entreprise a élaboré un catalogue d’alternatives écologiques pour chaque type d’intervention. Des solutions concrètes, testées sur le terrain, qui permettent de réduire significativement l’empreinte carbone sans compromettre la qualité.
Parmi ces innovations pratiques figurent l’utilisation de peintures recyclées, le réemploi de matériaux, ou encore l’optimisation des déplacements des artisans. Des chantiers pilotes ont déjà permis d’économiser plusieurs tonnes de CO2, avec des résultats parfois spectaculaires : jusqu’à 45% de réduction d’empreinte carbone sur certaines réparations après dégât des eaux.
« Ce qui est remarquable, c’est que ces alternatives écologiques n’entraînent généralement pas de surcoûts. Dans certains cas, elles permettent même des économies, » souligne le directeur technique de Saretec. Une donnée cruciale pour convaincre les assureurs, traditionnellement focalisés sur la maîtrise des coûts.
L’approche se distingue également par sa dimension collaborative. Plutôt que de garder cette méthodologie comme un avantage concurrentiel, Saretec a choisi une démarche open source, partageant ses outils et bonnes pratiques avec l’ensemble du secteur. Une stratégie qui vise à accélérer la transformation écologique de toute l’industrie.
Les assureurs comme acteurs du changement
Si la méthodologie vient des experts, ce sont les assureurs qui détiennent les clés du changement à grande échelle. Parmi les pionniers figure la Maif, qui a rapidement adopté cette approche écologique dans la gestion de ses sinistres.
« Nous avons toujours eu une approche responsable de notre métier d’assureur, mais il nous manquait des outils concrets pour mesurer et réduire l’impact environnemental des réparations, » explique Cédric Videau, responsable développement durable chez Maif. « La méthodologie développée par Saretec nous permet d’intégrer pleinement la dimension écologique dans notre gestion des sinistres. »
Cette évolution n’est pas seulement guidée par des considérations éthiques. La réglementation évolue rapidement, avec notamment la directive CSRD de la Commission européenne qui imposera bientôt aux grandes entreprises de mesurer et publier leur impact environnemental, y compris celui de leur chaîne de valeur.
Les assureurs voient également dans cette transition un potentiel avantage commercial. L’idée d’un « repair score » – un indicateur de l’impact environnemental des réparations – commence à émerger. Ce score pourrait devenir un critère de choix pour les assurés de plus en plus sensibles aux enjeux climatiques.
« Nos études montrent qu’une démarche écologique renforcée augmente significativement la satisfaction et la fidélisation des clients après sinistre, » confirme le responsable de la Maif. « L’assurance durable n’est plus une option, c’est une nécessité stratégique. »
Cette évolution se traduit concrètement par de nouvelles clauses dans les contrats de prestation entre assureurs et réparateurs, intégrant des exigences environnementales précises et mesurables.
Vers une transformation durable du secteur
La réparation après sinistre se trouve aujourd’hui à un tournant écologique. L’initiative de Saretec, soutenue par des assureurs comme la Maif, ouvre la voie à une transformation profonde des pratiques du secteur.
Les défis restent nombreux, notamment la généralisation de ces approches à l’ensemble des acteurs et l’évolution nécessaire de la chaîne d’approvisionnement. Mais la dynamique est enclenchée, portée par un triple constat : la réduction de l’empreinte carbone des chantiers de réparation est techniquement possible, économiquement viable et de plus en plus demandée par les assurés comme par les régulateurs.
Comme le résume Christophe Gadouleau : « La réparation durable n’est plus un concept théorique, c’est une réalité opérationnelle qui transforme progressivement tout notre secteur. » Une transformation indispensable pour un secteur qui, sinistre après sinistre, contribue significativement à l’empreinte carbone de notre société.
À l’heure où l’urgence climatique s’impose à tous, cette évolution pourrait bien servir d’exemple à d’autres industries en quête de solutions concrètes pour réduire leur impact environnemental sans sacrifier leur viabilité économique.

Moi, c’est Hélène Dupuis, amoureuse du design et des tiny houses. J’ai toujours aimé les petits espaces, mais ce qui me fascine, c’est comment une maison minuscule peut contenir mille souvenirs. Parfois, moins c’est vraiment plus.